À partir du 26 mai et tout le mois de juin : exposition des planches de Retour à zéro, l’adaptation d’un roman de Stefan Wul réalisée avec Thierry Smolderen. Séance de dédicaces et vernissage samedi 30 mai !

Certains auteurs n’aiment pas qu’on les asticote sur la notion des influences, comme si celles-ci devaient dégrader l’estime portée à une œuvre ou un artiste. On peut pourtant bâtir une architecture intime sur des fondations communes.
Laurent Bourlaud n’a signé depuis sa sortie de l’École Supérieure de l’Image d’Angoulême il y a une dizaine d’années que trois bandes dessinées (sans compter les travaux collectifs) qui révèlent sa virtuosité et son érudition gourmande. Dans ces trois ouvrages, il joue avec des formes qui ont marqué l’évolution des arts visuels au vingtième siècle. Après avoir parcouru le réalisme socialiste et l’univers des journaux satiriques comme L’Assiette au beurre dans Nos guerres (avec David Benito et Patrice Cablat, Cambourakis 2010), il malaxe dans Retour à zéro le constructivisme, le futurisme ou De Stilj (pour l’utilisation géométrique des couleurs bleu, jaune, rouge ?) sans jamais étouffer son art sous les citations.

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«Sur le ton de l’ironie, du scepticisme, de la mise en perspective lucide et amusée, les dessinateurs de cette famille donnent du sens aux images d’aujourd’hui en provoquant mille et une rencontres improbables avec les images du passé», écrivait Thierry Smolderen en postface du formidable Nos guerres, charge contre le bellicisme, le patriotisme et toutes les ganaches en uniforme, qu’un Gus Bofa n’aurait pas reniée. Le propos de Smolderen devenu scénariste pour Bourlaud est tout aussi adapté à leur version de Retour à zéro, roman de SF initialement publié en 1956. Le livre rend hommage à l’époque et à quelques courants artistiques judicieusement corrélés, en évitant de singer la bande dessinée franco-belge des années cinquante-soixante. Si nostalgie il y a, elle est protéiforme et ne sent pas la naphtaline. Suranné et moderne donc, un régal.

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À découvrir sur les murs de Contrebandes à partir du 28 mai, séance de dédicaces et vernissage de l’exposition samedi 30.

Retour à zéro (dans la série “Les univers de Stefan Wul”, Ankama)

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Laurent Bourlaud