Ah ben ça alors. Trois auteurs d’exception annoncés pour la 21ème édition d’un festival BD se tenant, fin août, dans une petite commune difficile à situer sur une carte du monde. Et ce n’est pas faire injure à tous les autres, car le panier de Solliès est particulièrement bien garni cette année, qu’offrir une mention spéciale à Charles Burns, Chris Ware et Art Spiegelman ! (En fait, Art Spiegelman est déjà venu faire un tour en visiteur il y a deux ans. Il connaît donc le chemin).

blackhole.jpg Le noir et blanc sans demi-teinte de Charles Burns, son goût pour les mutations corporelles et le pulp, cette façon très particulière de lisser les cheveux, continuent d’inspirer nombre d’auteurs de ce côté-ci de l’Atlantique (de Mezzo à  Tanxxx). Burns a eu l’idée de faire d’un catcheur hispanisant le héros d’une série (El Borbah), vingt cinq ans avant que la lucha libre n’envahisse l’univers créatif français. Surtout, la portée de son travail le plus fondamental, Black Hole, dont on dira pour faire court qu’il traite des tourments de la fin de l’adolescence, dépasse largement les frontières de la bande dessinée. Si on doit le rapprocher d’un autre livre, par l’envergure et la subtile noirceur du propos, alors ce sera l’Attrape-coeur de Salinger.

maus.jpg Art Spiegelman a écrit Maus. Il ne s’en remettra jamais vraiment et le neuvième art non plus. Il y a un avant et un après Maus, cette histoire intime décrivant la déportation et ses traumatismes. L’avènement d’une bande dessinée adulte, enfin reconnue comme telle par le public et l’ensemble de la critique (prix Pulitzer 92). Il est assez significatif de constater qu’en France, Spiegelman est édité par Flammarion dans la rubrique “littérature étrangère”, cette maison n’étant pas spécialement réputée pour son goût des petits miquets (elle a refermé la porte sitôt après l’avoir ouverte). Spiegelman n’a pas inventé le roman graphique. Ni la saga familiale, ni le récit autobiographique. Mais Maus est arrivé à point nommé, condensant suffisamment de qualités pour emporter l’adhésion de tous et proposer un éclairage nouveau sur un mode d’expression longtemps sous-estimé. Un chef d’œuvre — tout court.

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Chris Ware est un authentique génie, dépressif et casanier. Il ne s’est même pas déplacé à Angoulême l’année où son Jimmy Corrigan remporta la palme. C’est dire à quel point sa venue dans le Var s’annonce comme un événement majeur.

Solliès accueille aussi Lorenzo Mattotti. Une prochaine fois, nous vous parlerons de la classe italienne.

28, 29, 30 août 2009.

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