En essayant continuellement, on finit par réussir. Donc : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche” (Jacques Rouxel)

 

vignette déchetsLes déchets
Michelangelo Setola – Misma

Des hommes roulent vers une gigantesque usine pétrochimique qui s’étire le long du lac. Ils en rejoignent d’autres plus malsains encore, brûlés, vérolés par les émanations toxiques, les accidents ou les privations. Tous suintent la mort. Est-ce le cauchemar d’un seul ? Format A3, 32 pages superbement incommodes.

 

vignette coolCool parano – un testament graffiti
Benoît Carbonnel – Même pas mal

Benoît Carbonel nous convie dans son atelier-galerie à ciel ouvert : la ville. Après le jour, le vandale équipé de ses bombes louvoie entre maréchaussée et rôdeurs mal intentionnés. Les rues sont désertées et l’obscurité dilate les ombres. L’intrus peut aller plus loin qu’il n’irait le jour, à franchir barrières et portes supposément fermées. Il faut lire Cool parano dans le silence de la nuit pour que l’adrénaline monte, comme si vous y étiez. Carbonel, dans un dessin N&B tenant de l’underground américain, expose ces zones lunaires que la nuit redéfinit à leur avantage. Et il liste : le matériel du graffiti, le langage, les codes et les traditions, la méthode. Le gueurta vise l’endroit le plus visible par les travailleurs qui prendront demain le train de banlieue. Il doit se résoudre à l’ombre et l’anonymat, mais conserve un book des photographies de ses œuvres potentiellement utile aux flics en cas de perquisition. L’art est brut et éphémère, soumis aux aléas du temps, de la concurrence et de la gentrification. “Selon l’adage populaire, le graffiti “salit les murs” !”, s’emporte l’auteur. “Comme si un mur était intrinsèquement propre et sa détérioration imputable aux seuls graffitis. Qu’est-ce qu’un mur, sinon un mille-feuilles chimique ? Plâtre, béton, peinture au plomb, glycéro, acrylique auxquels on rajoute rouille, infiltrations, lézardes, amiante, colle, particules fines, urine, usure due au temps… Assez de sottises. Le souci est avant tout d’ordre esthétique et moral. Les taggeurs aiment les murs non entretenus car leurs signatures y tiendront plus longtemps. Les tags agissent en révélateurs ultimes de la dégradation de la qualité de la vie. Un mur en ruine est anonyme. Taggé, il révèle sa décrépitude aux yeux du monde“. Érudit, romanesque, en tension : à lire absolument.

 

vignette entailleL’entaille
Antoine Maillard – Cornélius

À ma droite l’adolescent perturbé, à ma gauche le tueur surnaturel indestructible, silencieux, besogneux, de ceux qu’on reconnaît à leur costume ou à leur masque. Après Alien vs Predator, après King Kong vs Godzilla, voici young Dahmer versus l’homme à la batte de baseball. Le drame psychologique s’immisce dans le slasher dont la recette est scrupuleusement respectée, avec un cheptel de jeunes gens qui courent dans tous les sens et la poussée horrifique jusqu’au bouquet final. Ce premier album d’Antoine Maillard, au dessin virtuose, remanie et complète des planches prépubliées depuis 2012 sur grandpapier.org.

 

vignette couacsCouacs au Mont-Vérité
Jean-Christophe Menu – Dargaud

Tout Menu dans un album. Sauf son goût pour la musique sonique, peut-être. Mais l’amour de la ‘Pataphysique, des jeux de langage, la nostalgie d’une certaine bande dessinée franco-belge, et l’extrême attention portée à la réalisation des livres. Y en a à dire. Les cases muettes se comptent sur les doigts d’une main. Dans une belle interview accordée à Christian Rosset, Menu explique qu’il visite le Mont-vérité comme si ce lieu continuait de vivre en son absence et se révélait à chaque fois qu’il le dessine. Il l’a dessiné de nombreuses fois depuis 1994. En différents formats, chez différents éditeurs, en Noir et blanc ou en couleurs. De loin, Couacs ressemble à l’album grand public qu’il n’est pas tout-à-fait, en roue libre mais cohérent, hors du temps mais très au fait de la modernité, étrange mais pas si étranger que ça. Menu ne se contente pas de visiter le Mont-Vérité, d’en être le documentariste, il crée l’anomalie et convoque de nouveaux personnages pour voir l’effet produit sur les habitants ordinaires du lieu, à savoir ses alter egos : l’obstétricien portant pull à rayures, la sphynge, la mune anagrammique, et bien sûr, les sept moines d’espèce indéterminée qui occupent le monastère, semblablement acariâtres (qui n’est pas acariâtre chez Menu ? Tout le monde fronce les sourcils, tout le temps). Dans un ouvrage de 2004 consacré à celui qui, rappelons-le, fonda L’Association avec six camarades de tempérament, dont Lewis Trondheim, Killoffer et David B., l’essayiste Pâcome Thiellement énonce : “les moines du Mont-Vérité sont une sorte de septet spinoziste paradoxal ou spinoziste-munaire : vivant dans l’éthique, ils s’épanouissent dans la création de rapports adéquats au sein des signes équivoques”. Vous voilà à moitié avertis. Pour l’autre moitié, le Mont-Vérité est un lieu d’aventures trépidantes et loufoques où les protagonistes se fichent pas mal de Spinoza.

 

vignette cocoCoco club #1 / Jean-Shrek a peur des maisons
Divers / Emilie Gleason – L’articho

Entre Pifou poche et Dada, deux minuscules brochures promises à l’inaperçu. Mais dans l’inaperçu, souvent, se nichent les choses à percevoir. Avec Blexbolex, Anouk Ricard, Baptise Virot, Émilie Gleason… Réservé aux lectrices et lecteurs entre 7 et 11 ans d’âge mental, c’est-à-dire à tout le monde, il suffit de se laisser aller.

 

vignette uosUOS
Benjamin Adam – 2024

L’homme post-historique vit à proximité de ruines industrielles. Du message d’alerte placé sur l’enceinte du site, il ne reste aujourd’hui que trois gigantesques lettres qui ne veulent plus rien dire. L’homme post-historique mime des gestes dont il n’a pas retenu le sens, les gestes de celui qui avait en charge la surveillance du site. Probablement le père de cet homme, aujourd’hui disparu. Combien de temps s’est-il passé depuis le désastre ? Vingt, trente ans ? Le temps de l’oubli. La prudence n’est plus de mise sous les gigantesques colonnes qui annoncent le danger par des reproductions stylisées du fameux Cri d’Edvard Munch. L’homme post-historique ignore sans doute tout de Munch. Inconscient de la mort qui rode, il réinvente l’art pariétal au fond d’une gigantesque et sinistre cuve… Que deviendront les anciennes centrales nucléaires et les sites d’enfouissement de déchets radioactifs quand l’être humain aura oublié jusqu’à l’existence de l’atome ? Benjamin Adam pose la question en silence, de manière saisissante. Beau à pleurer. On y verra le prolongement de Soon, excellent récit post-apocalyptique livré par le même et Thomas Cadène en 2019 (Dargaud) sous les mêmes nuances de bleu noir et de vert fluorescent. Ces pages accompagneront aussi très bien la lecture de Contre la résilience, essai techno-critique de Thierry Ribault récemment publié aux éditions L’Échappée. Quand UOS s’interroge sur le devenir des zones réputées dangereuses, Contre la résilience pointe les stratégies politiques et industrielles mises en place pour minimiser ou contourner cette réputation, afin que les populations consentent à vivre avec le désastre industriel (singulièrement, dans des secteurs présentant des niveaux de radioactivité élevés), puisqu’il n’est pas à l’ordre du jour de se passer d’une industrie de plus en plus désastreuse. Entre autres choses, Ribault condamne la production de l’ignorance consistant, “au nom de l’action autonome, à transformer des vérités scientifiques en opinions personnelles”. Après le désastre de trop, quand la vérité scientifique aura complètement disparu, oublié par ses pairs et oublieux du danger, l’homme post-historique dansera nu sur l’atome.

 

vignette huissierUne vie d’huissier
Dav Guedin – Actes sud BD

Dav Guedin n’est pas l’artiste du beau et de l’élégant. Son domaine, c’est plutôt la misère sociale. Tombé sur les pages autobiographiques d’un cousin récemment décédé, ancien huissier de justice, on comprend qu’il ait eu envie de les adapter tant le métier intrigue et souvent, révulse. La violence que l’huissier inflige aux pauvres gens dont il force la porte, en s’en prenant parfois aussi plein la gueule, entre en résonance avec celles dont il a été le témoin ou la victime dans sa jeunesse. La vie du cousin n’est pourtant pas exempte d’épisodes lumineux, et le récit ne bascule jamais dans la farce sordide. Dav Guedin a probablement remonté l’histoire à sa manière en alternant l’ancien et le plus récent, la suffocation et les bouffées d’oxygène. Son rapport, qui tient de l’anthropologie autant que du punk, rappelle qu’on n’a pas besoin de destins napoléoniens pour faire sujet.

 

vignette tambourLe tambour de la Moskova
Simon Spruyt – Le Lombard

En parlant de destins napoléoniens… Cinquième album de Simon Spruyt publié en France (chez quatre éditeurs différents, quel mercenaire !). Les lamentables aventures d’un jeune soldat à gueule d’ange, emprunté à Tolstoï, au fil ténu de sa survie pendant la retraite de Russie. Même si le récit est moins complexe que ceux précédemment livrés par Simon, chaque personnage étant ici réduit à un seul trait de caractère négatif, tel la duplicité, la cupidité, la lâcheté, la brutalité etc., on s’immerge avec grand plaisir dans cette fable sur les apparences et l’ambiguïté, somptueuse au plan visuel. Voir la leçon de dessin de Simon Spruyt sur la chaîne vidéo de France inter.

 

vignette fauniaMégafaunia
Nicolas Puzenat – Sarbacane

Derrière la couverture médiévale-fantastique et sous l’hypothèse d’une cohabitation temporelle de Sapiens, titulature de la raison marchande, avec Neandertal, gardien de la nature, une fable initiatique et écologique rondement menée, qui bouscule aussi astucieusement les inégalités de genre.

 

vignette fourmiesFourmies la rouge
Alex W. Inker – Sarbacane

En ce premier mai 1891, une grande manifestation ouvrière est organisée à Fourmies, ville du Nord, autour d’une batterie de revendications dont la principale vise à réduire la durée de travail quotidien à huit heures. La fête s’achève prématurément quand l’armée, pressée par une foule exigeant la libération de quelques camarades emprisonnés au matin, tire soudain à bout portant, laissant neuf cadavres sur le pavé. Avec ce nouvel ouvrage qui suit la journée d’une poignée de personnes impliquées dans la fusillade, Alex W. Inker ajoute à l’édifice d’une œuvre parmi les plus cohérentes et attachantes du moment. Si jusque-là, ses livres fouillaient la cause sociale et les rapports de domination sans pour autant lever le poing, celui-ci se montre plus offensif, plus personnel aussi puisqu’il l’inscrit à son patrimoine familial. “Jusqu’à la fermeture des usines, la quasi totalité de ma famille était composée d’ouvriers d’usine et d’ouvriers en filature. J’ai été élevé entouré de grands-mères, grands-oncles, grands-tantes, qui avaient passé leur vie derrière les machines. C’est de là que je viens”. L’engagement est aussi esthétique. Son dessin mute en effet à chaque ouvrage, lorgnant cette fois-ci sur les caricatures de Simplissimus ou de L’Assiette au beurre, des revues satiriques qui virent le jour en Allemagne et en France quelques années après le massacre de Fourmies.

 

vignette dacDac
David Snug – Même pas mal

Quand il publiait ses planches sur les réseaux sociaux, en bon community manager, David Snug prenait soin de répondre à toutes les interventions de ses admirateurs et admiratrices : chacun-e avait droit à son “d’ac”. Depuis, comme il l’explique dans son nouveau traité de philosophie politique qui est aussi un journal du confinement façon Leïla Slimani, David Snug a arrêté Facebook et est redevenu un homme libre. Disons qu’il se limite désormais à nourrir la page de son groupe de musique de jeunes, Trotski nautique, où il lâche des “vu” après chaque commentaire. David Snug, ou l’art de se foutre de la gueule du monde en mode mineur, surtout des pénibles qui exigent qu’on fasse pipi sous la douche pour transitionner en douceur vers un monde moins collapsé. Un art de vivre sans rien concéder au travail, une méthode à destination de toutes et tous. Même si c’est un peu facile d’être vegan et straight edge quand on n’a pas la thune pour s’acheter de la viande ni de la dope, mais l’heure n’est pas au débat. Généreux, David Snug offre avec ce livre un compact disc de son groupe de jeunes, Trotski nautique. Dommage que de nos jours, plus aucun jeune n’ait de lecteur CD sur son smartphone.

 

vignette anaQui est Ana Mendieta ?
Christine Redfern et Caro Caron – les éditions du remue-ménage

Ana Mendieta laisse derrière elle des vidéos et des photos de ses performances engageant le corps féminin (le sien, souvent) dans son rapport à la Terre. Sa carrière s’est brutalement interrompue un soir de septembre 85, quand elle est tombée depuis une fenêtre de l’appartement qu’elle occupait avec son mari, au 34ème étage d’un immeuble new-yorkais. Lui, sculpteur en vogue dans le milieu de l’art contemporain, fut un temps accusé de l’avoir défenestrée avant d’être finalement acquitté. Le livre est assez peu aimable à son endroit. Comme prévient la préface, il “ne traite pas de contributions à l’art moderne, ni d’une histoire d’amour tragique qui aurait mal tourné. C’est une diatribe contre la violence faite aux femmes, un geste militant que Mendieta aurait approuvé”. Lors du procès de cet homme, Carl Andre, la pratique artistique d’Ana Mendieta fut instrumentalisée pour suggérer une instabilité mentale qui aurait pu la conduire au suicide. C’est relativement commun. Ainsi la postérité n’a-t-elle voulu reconnaître, dans la tentative d’assassinat d’Andy Warhol par Valérie Solanas, que l’acte dément d’une folle, tandis qu’elle continue de saluer William Burroughs, Norman Mailer, Jackson Pollock ou Louis Althusser comme géniaux contributeurs à l’histoire de la littérature, de la peinture ou de la philosophie, oubliant le nom des femmes que ces grands hommes ont tué ou tenté d’assassiner. La question-titre “Qui est Ana Mendieta ?” fait écho au nom du collectif “Où est Ana Mendieta ?” (réduction de “Carl Andre est au Guggenheim. Où est Ana Mendieta ?”) qui dénonce partout sur la planète “un monde de l’art raciste et patriarcal qui est allé à son encontre en soutenant son meurtrier. Andre n’est qu’un autre nom sur une liste interminable d’hommes dont le passé violent est systématiquement éclipsé par leur statut et leurs privilèges et qui continuent d’être célébrés, tandis que les voix et le patrimoine de leurs victimes sont systématiquement réduits au silence.” L’ouvrage compile les éléments du dossier et des citations de personnalités ayant marqué leur temps. Livre tout à fait recommandable, aussi, pour son dessin libre et sa forme non conventionnelle, curiosité au sein d’un catalogue peu habitué à l’image.

 

vignette vraiTout est vrai
Giacomo Nanni – Ici même

Le procédé est similaire à celui engagé avec Acte de Dieu, le précédent livre de Giacomo Nanni. Petit format, deux vignettes par page, une mécanique cérébrale de grande précision. Les êtres humains se résument à des silhouettes noires, un animal observe leurs égarements. Ici une corneille tout aussi noire. Nanni commence avec le tournage des Oiseaux de Hitchcock et semble s’égarer en route, par bric-à-brac et collages d’éléments épars, zoomant sur une petite fille apeurée ou les joggeurs des Buttes Chaumont. Mais il sait exactement où il va, rapproche les éléments, revient par un angle original sur des faits déjà médiatisés ad nauseam (pour être clair : l’attentat de janvier 2015). Ce n’est pas un livre de plus sur le sujet, mais un travail d’auteur qui le transcende. Fort et éprouvant, ni moraliste ni pontifiant. Si la corneille annonce la mort, que peut donc annoncer la mort de la corneille ?

 

undergroundUnderground
Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog – Glénat

Cette somme de 300 pages, qui réunit des chroniques musicales parues dans La Revue dessinée entre 2013 et 2019 (plus un tiers de planches inédites), propose une visite de la musique occidentale du XXe par ses routes départementales. Artistes pop pas forcément populaires en leur temps, “grandes prêtresses du son”, déglingués inclassables, de Yma Sumac à Kevin Coyne en passant par Colette Magny et Jonathan Richman, le spectre est plutôt large. Avec modestie et sans emphase, les auteurs remplissent leur mission en donnant furieusement l’envie d’écouter les musiques qu’ils célèbrent.

 

vignette basketBasketful of heads
Joe Hill & Leomacs – Urban comics

Un comics de temps en temps, pour voir où on en est. On en est donc toujours à peu près au même endroit, avec le même dessin académico-moche obsédé par les compositions cinématographiques (parfois cependant, un Rob Guillory ou un Jeff Lemire), sous des couleurs moches aussi, au service d’un scénario ici plutôt bien troussé, gonflé par les twists et cliffhangers d’usage (rappelons que si les comics nous arrivent sous forme de récits complets, ils sont à l’origine des périodiques de faible pagination constitués d’un seul chapitre dont la fin doit stimuler le lecteur pour qu’il ait envie de lire la suite). Toujours la même formule assez épouvantablement moraliste (tu as péché, tu seras puni). Toujours le basculement dramatique opéré en moins de temps qu’il ne faut pour tourner une page, sans aucune concession à la psychologie (ici, une jeune femme bien sous tous rapports se met soudain à décapiter les méchants à grands tours de hache, oklm). Une fois de temps en temps, comme on se met devant un blockbuster pour se vider la tête. Ou pas. That’s entertainment.

 

vignette impactImpact
Gilles Rochier & Zac Deloupy – Casterman

Un ancien ouvrier et un jeune homme en perdition racontent, chacun de leur côté, un épisode traumatique de leur vie. Le sentiment de culpabilité qui les ronge motive la libération de la parole, trop tardive pour que leur vie n’en ait pas été profondément troublée. La convergence se dessine au fur et à mesure, il est encore une fois question de violences sociales. Impact physique autant que psychologique : si un seul meurt, tous seront affectés. Le scénario de Rochier n’a pas un poil de graisse et va à l’essentiel. Il aurait mérité une mise en images moins impersonnelle. Bonne pioche néanmoins.

 

vignette partirPartir un jour
Manu Boisteau – Casterman

Un citadin quadragénaire lâche son boulot pour se lancer à corps perdu dans l’écriture, avec le soutien d’un nouveau psy (et d’un hypnotiseur). Ah, et aussi : sa compagne le quitte. Comment dites-vous ? Oui, bien sûr, vous avez raison. Mais tout le monde sait que dans le domaine éditorial, l’inspiration importe peu. D’ailleurs, à compter le nombre de livres publiés chaque année, on serait tenté de dire que l’inspiration est franchement secondaire. Non, vraiment, le plus important en littérature, c’est de manquer d’inspiration avec talent. Manu Boisteau coche la case : il a le dessin confortable et les dialogues ciselés. À lire donc comme on plonge une nouvelle fois la main dans le sachet de fraises Tagada : ce n’est pas parce que tu y as déjà goûté que tu dois t’abstenir, même si tu sais que l’apport nutritif est très relatif.