Au mois de mai sur les murs de Contrebandes, les planches puissantes et dépouillées d’Éric Lambé, fauve d’or 2017 pour Paysage après la bataille (avec Philippe de Pierpont, Actes Sud BD / Frémok). Rencontre avec l’artiste et vernissage tardif : samedi 26.
Joue avec elle. Mais comment pourrais-je jouer avec le feu ? Il me tourne toujours le dos.
Des chiens reviennent récit après récit, des ciels changeants, des images où le ton et le grain, la texture font décor, préférant suggérer que montrer. Des silhouettes qui se fondent dans la planche quand la vie pousse à la dissolution et l’oubli.
Parce que ça ne rigole pas trop. Éric Lambé et Philippe de Pierpont explorent les blessures intimes, les histoires d’amour en suspens, fragilisées par un événement subit, un traumatisme (une pluie diluvienne, la maladie, la mort d’un enfant). Leur narration vise à l’épure. Récits subtils et taiseux sans notes de bas de page ni rappels, exigeant l’attention, poussant à la contemplation des fragments : de corps, de décors, d’existences.
Le festival d’Angoulême a honoré leur travail, la reconnaissance est peu tonitruante. Pour certains sans doute, l’œuvre ne respecte pas le cadre imparti de la bande dessinée dite traditionnelle, la seule-l’unique. Eric Lambé vient pourtant de Bruxelles pour s’exposer à Toulon : une vraie rencontre franco-belge.
Bibliographie sélective :
- Ophélie et les directeurs des ressources humaines (Fréon – 2000)
- Joue avec moi (Frémok – 2011)
- Le fils du roi (Frémok)
Avec Philippe de Pierpont :
- Paysage après la bataille (Actes Sud / Frémok – 2016)
- Apparitions, disparitions et autres mouvements (Actes sud / Frémok – 2017). Reprend Alberto G. (initialement publié au Seuil / Frémok en 2003), La pluie (Casterman – 2005) et Un voyage (Futuropolis – 2008).
