Fille bimensuelle de La Revue dessinée, un premier numéro de 144 pages sorti en septembre, « l’actu dessinée pour les moins de 20 ans » au programme. Charlotte Miquel (éditrice), Hugues Micol et Marion Mousse (dessinateurs) présentent cette belle et ambitieuse revue samedi 15 octobre à partir de 17h, avec l’association Libraires du sud.

Topo n’est pas le premier objet de librairie à  utiliser la bande dessinée pour parler du monde comme il va ni la première revue de “décryptage” destinée aux adolescents. Mais elle est sans doute la première entreprise du genre à revendiquer son caractère post-traumatique.

« Le groupe des cofondateurs de La Revue Dessinée s’est dit qu’il serait nécessaire de décliner l’idée de l’information dessinée pour les jeunes. C’est la tragédie de Charlie Hebdo, à laquelle de nombreux adolescents ont réagi par un sentiment d’incompréhension, qui leur fit comprendre qu’il y avait là matière à proposer aux moins de 20 ans une autre grille de lecture du monde ».

« TOPO a quatre objectifs :

Raconter l’actualité en contextualisant systématiquement les informations.

Redonner une profondeur historique aux faits culturels et sociétaux.

Aider le lecteur à développer un sens critique et citoyen en lui donnant les outils nécessaires pour devenir un acteur du monde.

Apprendre à lire les images en général et le dessin en particulier.»

Quelle est donc cette grille de lecture à  laquelle Topo entend proposer une alternative ? Les trois premiers objectifs ne s’imposent-ils pas à toute activité journalistique (voir la charte de Munich), qu’on s’adresse aux mômes ou aux adultes ?

Reporters sans frontières remarquait dans son dernier bilan relatif à la liberté de la presse que « le paysage médiatique français est largement constitué de groupes dont les propriétaires ont d’autres intérêts, qui souvent pèsent beaucoup plus que leur attachement au journalisme ». Il est d’autre part bien compris que « le marché de l’information est concurrentiel » (termes choisis par [David Pujadas lui-même), les entreprises de médias étant soumises à  la même urgence et aux mêmes contraintes économiques que les autres types d’entreprises. Voilà qui éclaire le prêt-à-penser des journaux de 20 heures, la répétition sur tous les supports des mêmes dépêches AFP, des mêmes punchlines en 140 caractères maximum, le culte du racolage, l’obsession de la pôle position qui permet de sortir avant tous les autres ce scoop porteur d’audience dont les annonceurs raffolent.

La grille proposée par Topo s’inscrirait donc contre celle incarnée de façon caricaturale par BFMTV. Contre les idées faciles d’accès, contre les raccourcis et l’instantanéité, prendre son temps pour réfléchir et comprendre, se souvenir, établir des liens : contre la tyrannie de l’« actu », malgré le sous-titre de la revue.

Topo alterne les formes courtes et longues selon l’exigence du propos, les sujets profonds cohabitent avec d’autres plus légers. Journalistes et artistes à forte personnalité sont garants du respect porté aux lectrices et lecteurs. Le dessin installe une distance immédiate en rappelant que le traitement de l’information n’est qu’interprétation, représentation, montage, subjectivité contrariée.

Topo ne servira pas d’initiation à la lecture de la presse “classique”, tout comme les adaptations littéraires en bande dessinée ne servent pas d’initiation à la littérature. La presse a d’ailleurs moins besoin de l’initiation de ses lecteurs que de la bonne pratique de celles et ceux qui la font. Topo peut par contre aborder tous les sujets, susciter la curiosité et ouvrir des portes pour une meilleure compréhension du monde, ce qui est déjà beaucoup, une fin en soi.

Au sommaire du premier numéro : le lobby des armes à feu aux USA, Sex pistols et glaviots, le témoignage d’un réfugié syrien, une enquête sur les youtubeurs, l’apocalypse selon Hollywood…

Pour présenter le projet à l’occasion d’une rencontre musicale et dessinée, samedi 15 octobre à 17h : Charlotte Miquel (rédactrice en chef adjointe), Hugues Micol et Marion Mousse.

Dans le cadre de la programmation Automne en librairies, par l’association Libraires du Sud.

TOPO. Sans publicité. Disponible en librairie ou sur abonnement.