L’auteure des Sentiments du prince Charles et de L’origine du monde vient en France pour conclure une exposition que l’Institut suédois lui consacre depuis le mois de mai. Petit détour en Contrebandes vendredi 14 octobre à 18h : rencontre, dédicaces. La domination masculine passée à la ponceuse à bande (dessinée), une proposition de l’association Libraires du Sud.

Liv Strömquist est dessinatrice et animatrice radio. « Auteure parmi les plus lues de Suède, elle est aujourd’hui la coqueluche des médias qui se l’arrachent », peut-on lire sur la notule de présentation du Divan de Liv. A commencé sa carrière en fabriquant des fanzines à la manière punk : pas besoin de savoir dessiner pour prendre le crayon et raconter des histoires. Plus tard, elle s’est équipée d’une règle uniquement destinée au contour des cases, tandis qu’elle terminait ses études en sciences politiques.

Ses préoccupations le sont éminemment (politiques), ne se limitent pas à la dissection du patriarcat sur laquelle se concentrent les deux ouvrages publiés ici par les éditions Rackham. Son travail concerne l’état du monde en général, il faut dire qu’il y a de quoi être préoccupée. La tyrannie néolibérale, le dérèglement climatique, les réfugiés… Ici, une contribution contre l’extrême richesse accompagnant la sortie d’un album du groupe The Knife. Elle est aussi ambassadrice de la paix au Chiapas zapatiste.

Son premier livre édité dans l’Hexagone, Les sentiments du prince Charles, racontait l’invention de l’amour romantique, l’évolution des relations hétérosexuelles à l’ère du capitalisme (mariage à consommer, propriété du / de la partenaire, célibataires sur le marché etc.). Évocation de quelques femmes ayant eu le privilège d’accompagner la formidable destinée de nos grands hommes (big up Chaplin, Hemingway, Bergman, Einstein & Marx). Ceci n’est pas un pamphlet mais la synthèse narquoise de travaux d’historienNEs, psychanalystes et autres sociologues.

Dans Le second, L’origine du monde, il n’est question que de vulve. Pas vraiment une leçon de choses mais là encore, le récit documenté et ironique de la domination masculine dans une perspective de déconstruction. L’homme et le clitoris, l’homme et les règles, monsieur et l’orgasme de madame. Vivre dans une société patriarcale signifie que s’il vient à  monsieur des idées à la con, elles s’imposeront “naturellement” à madame. Impureté des menstrues, évitement du clitoris, monsieur est toujours prompt à en appeler au divin, imposer des directives ou sortir un bistouri, qu’est-ce qu’on rigole.

Histoire et sociologie d’un monde mal connu,

rencontre avec Liv Strömquist, vendredi 14 octobre 2016 à 18h.

Interprète : Cécile Matthey-Fille

Dans le cadre de la programmation Automne en librairies, par l’association Libraires du Sud.

Photographie : Sören Vilks