Retour de la couleur sur les murs ! Gouaches issues de l’ouvrage La nuit quand je dors parmi d’autres peintures et affiches d’un “inventeur d’images”. Jusqu’à la fin du mois, finissage samedi 30 avril en présence de l’artiste.

Méconnu de ce côté-ci du canal du Midi, Ronald Curchod est particulièrement célébré à Toulouse, sa ville d’adoption, où ses réalisations pour les institutions et manifestations culturelles se déclinent en grands panneaux urbains.

Titulaire d’un diplôme de graphiste obtenu aux Beaux-Arts de Lausanne en 1974, venu en France pour un court séjour se prolongeant encore une quarantaine d’années plus tard, il a dans les tout premiers temps vécu d’illustrations publicitaires avant de se concentrer sur l’art de l’affiche. Il continue de peindre pour lui-même, jouer du saxophone, pêche aussi à la mouche dans sa retraite lotoise, plus proche des sentiers forestiers qui nourrissent sa création que des artères citadines qui l’exposent.

<img997|left> À l’occasion d’une rétrospective proposée par le Centre de l’affiche (devenu MATOU), le journal La Dépêche livre une jolie présentation de son univers : « Par certains côtés on lui trouve quelque accointance avec le surréalisme de Magritte, ou encore, la littérature sud-américaine qui l’a beaucoup influencé. Les images de Ronald Curchod sont cocasses et polysémiques. On pense à  Botero pour ses femmes aux corps volumineux et à  l’imaginaire des peuples des Carpates. Influence que confesse ce suisse né au bord du lac Léman qui essaie à sa manière de “rendre les animaux humains”. »

Ses images ajustent l’organique aux objets inanimés, le naturel au fabriqué. Les corps s’échangent, se mélangent, ceux d’un animal et d’un être humain ou, plus prosaïquement, ceux de deux êtres humains, comme dans la Chorégraphie du baiser (L’An 2 – 2004). Quoique : les corps sont là aussi rapidement mutés, transmutés, révélant physiquement une disposition mentale ou un trouble intérieur.

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Soudain jaillit un poème visuel qualifié de livre jeunesse parce qu’on a toujours du mal à concevoir que des livres d’images puissent être destinés aux adultes, enfin disons à qui veut bien s’immerger dans ces pages, peu importe son âge. La nuit quand je dors (Rouergue – 2014) décrit l’épopée nocturne d’un petit bonhomme volant de montagne en iceberg, jaillissant d’une mare aux canards vers les branches d’un arbre, croisant des êtres plus ou moins placides à qui il empruntera un parapluie, un œil, une épée, jusqu’à consommer d’étranges champignons à l’heure où pointe le jour.

Les originaux de ce livre primé à l’occasion de la Biennale internationale de l’Illustration de Bratislava s’exposent sur les murs de Contrebandes, partageant ainsi le destin d’images conçues pour être vues verticalement, affichage multicolore qui tranche avec le gris des villes, concentration à découvrir et savourer longuement.

Une autre présentation

Ronald Curchod

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