Exposition, rencontre, concerts : Xavier Mussat et le Festival des Musiques Insolentes s’invitent samedi 20 février chez Contrebandes. Un joyeux bordel en tension, gourmand de vos yeux et vos oreilles (entrée libre dans la place des limites disponibles).

Xavier Mussat fait de la bande dessinée. Il prend son temps, livre deux ouvrages à plus d’une décennie d’intervalle dans lesquels il expose son rapport à l’ennemi, si proche, si complémentaire, parfois même intérieur.

Alors qu’on croyait le genre autobiographique complètement essoré depuis l’invention du blog BD, il montre avec Carnation que le sillon n’a pas fini d’être creusé à même la peau : ici, la passion est carnassière et la chair faisandée.

Carnation, livre majeur. Comment représenter le tissu humain, quelles teintes lui donner. Sur le temps long de l’écriture la forme évolue, les représentations s’estompent au profit des motifs venant soutenir le monologue descriptif, appuyer l’état psychologique de l’instant.

Désincarnation. Xavier utilise de vieilles images, reproduit des gravures centenaires puisque c’est de la gravure que son trait s’approche le plus, dans une composition d’images hétéroclites faisant cohérence, dessinant une cartographie intime sans jamais perdre le lecteur qui, en refermant le bouquin, ne se sera peut-être pas rendu compte qu’il a laissé en route le corps des protagonistes, l’incarnation, tant leur évocation reste saillante jusqu’au bout.

Comme un diptyque : au début de Sainte famille, le premier livre, sa copine d’alors lui suggère qu’il ne réussira jamais à  quitter Angoulême, ville de son apprentissage artistique, de ses futures aventures dans l’animation (Kirikou), ville où il inventera avec quelques camarades inspirés la maison d’édition Ego comme X : toujours l’auto-investigation en fil conducteur. Quinze ans et quelques relations toxiques plus tard, à l’ultime page de Carnation, les cartons sont faits, la longue parenthèse angoumoisine s’achève enfin, une nouvelle vie peut commencer.

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L’exposition des planches originales accompagne la venue de l’auteur — à découvrir sur les murs de Contrebandes jusqu’à la fin du mois.

Sainte famille — Ego comme X, 2001

Carnation — Casterman, 2014

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Mais Xavier Mussat participe aussi à différents projets musicaux où il fait dérailler sa guitare, toujours dans une dynamique expérimentale. « Si je ne suis pas capable de me mettre en danger, j’ai l’impression de tourner en rond dans ma pratique artistique ». STEINBECK réunit à  ses côtés le poète et écrivain Saintpoli, les musiciens Manuel Castel et Sébastien Exevery.

R“, qu’ils joueront samedi 20 février à  la librairie dans le cadre du festival des musiques insolentes, est une pièce narrative imaginée comme une suite de dialogues entre lecture de textes, projection de dessins en évolution et accompagnements sonores expérimentaux.

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Catherine Jauniaux et Jean-Sébastien Mariage forment un duo voix / guitare. L’un forge l’écrin sonore, l’autre explore l’espace vocal et ses possibles. Petits objets hurlants, cris, chuchotements. Au service du moment partagé. Le lieu et l’écoute participent du cheminement musical et de la performance, en exploration buissonnière.

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Le Festival des Musiques Insolentes, traditionnellement concentré sur quelques jours en octobre, se décline pour sa treizième édition en différents volets ponctuels répartis sur l’année, d’un automne à  l’autre. Voici le troisième. “À propos de l’insolence… de confronter dans une même soirée et de mettre sur le même plan des musiques anciennes, traditionnelles, des musiques radicales improvisées, des musiques radicales issues du rock, des descendances du free jazz, du cinéma expérimental et sonore, des installations d’artistes, bruissantes ou murmurantes…

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Alors, ce programme ?

Après-midi, dédicaces de Xavier

Rencontre avec l’auteur à  17h

Concert de Steinbeck à  18h30

Concert de Catherine Jauniaux et Jean-Sébastien Mariage à  19h45

Pot conclusif / vernissage à  20h30