Les originaux d’un auteur croate sur les murs de Contrebandes. Son livre, Pelote dans la fumée, a marqué l’année 2014. Néoréalisme à la gouache pour se convaincre — faut-il encore s’en convaincre ? — que la bande dessinée peut conjuguer intensité narrative et ambition artistique. Rendez-vous jeudi 19 février pour une rencontre et le vernissage de l’exposition.

2010, année déterminante pour Guillaume Chauchat, Léon Maret… et ce Miroslav Sekulic, que les professionnels et jeunes diplômés des écoles de dessin hexagonales voient débarquer comme un OVNI à Angoulême. Tous trois seront primés au concours Jeunes talents et verront leurs projets édités dans la foulée.

Autodidacte s’étant frotté aux murs de la ville sans doute un peu plus qu’aux cours privés, Sekulic n’a pas tardé à convaincre le milieu de la bande dessinée de son talent original, lui dont les références ont si peu à voir avec les canons du neuvième art. Si la narration reste conventionnelle — les cases sont délimitées comme il se doit, le format de l’album est à peu près respecté –, sa technique et ses références le sont nettement moins.

On vérifiera sur son blog qu’il ne se contente pas d’un seul procédé. Miroslav privilégie cependant le travail en couleurs directes, il peint plus qu’il ne dessine. Il peint en tous formats, des fresques urbaines aux miniatures. C’est ce qui impressionne d’abord, la précision et la finesse du geste. Non : ce qui impressionne d’abord, c’est l’éclat de la gouache, qui rappelle à  quel point la restitution chromatique est un passage délicat pour l’imprimeur : comparez les pages de Pelote dans la fumée, le livre, et les planches exposées pour en prendre toute la mesure.

Sur le contenu de Pelote, pépite du festival de Montreuil en décembre 2014, voici ce qu’on écrivait à l’hiver dernier (et vive le copier-coller) :

Un auteur sorti de nulle part. Enfin si : de cette Croatie qu’il raconte. Des enfants entre bidonville, rue et foyer, la misère plantée dans un décor de fausse station balnéaire, cheminées d’usines en perspective. Comédie humaine qui évoque le néoréalisme italien — voisinage oblige — avec la couleur et cinquante ans de plus. On pourrait citer Jérome Bosch et le naturalisme, chercher d’autres références pour se raccrocher à quelque chose de connu et vérifier la maxime selon laquelle personne ne sort jamais de nulle part. À quoi bon : laissez-vous porter, entrez simplement et prenez la claque de l’hiver.

Miroslav est pendant tout le mois de février en résidence à  Aix-en-Provence. Les Rencontres du 9ème art lui rendront un bel hommage en avril prochain.

Pelote est aussi sélectionné pour le prix du Livre PACA organisé par l’Agence Régionale du Livre. C’est dans ce cadre que nous l’accueillons, jeudi 19 février prochain en fin d’après midi, pour une séance de dédicaces, un échange avec le public puis le vernissage de l’exposition.

fete.jpg