À l’occasion de la manifestation “Quand l’artiste se livre” consacrée cette année à l’errance et au vagabondage, Contrebandes expose les planches originales de Troubs et Baudoin composant Viva la vida et le Goût de la terre, ouvrages / reportages publiés à L’Association en 2011 et 2014. Baudoin sera présent le 5 décembre prochain pour fêter ça. Attention, c’est un vendredi ! Rendez-vous à partir de 18h.

Arrêter à  30 ans une carrière de comptable pour se consacrer au dessin, puis à  la bande dessinée, ce n’est pas banal.

Baudoin en a 39 quand son premier album est publié par Futuropolis, en 1981. Cette maison découvre de nouvelles têtes et montre la voie à toute une génération d’auteurs au premier rangs desquels Jean-Christophe Menu, Mokeit et Stanislas qui bientôt fonderont L’Association avec quelques autres camarades. Précisons que Futuropolis de 1981 n’a rien à voir avec Futuropolis de 2014.

Assurant une certaine continuité avec les choix d’Étienne Robial (le fondateur de Futuro), L’Association publiera les ouvrages les plus épatants du niçois. Point de vue subjectif qui peut être discuté étant donné le nombre de livres édités désormais, Edmond rattrape le temps perdu, de Glénat à Cambourakis en passant par 6 Pieds sous terre ou Gallimard… Bientôt une centaine de livres au compteur réalisés seul ou en collaboration, en Noir et Blanc ou en couleurs, bandes dessinées ou livres d’images ou romans illustrés, on a le choix de sa subjectivité.

Baudoin s’intéresse autant au voyage et aux gens (aux femmes, entre autres gens) qu’au dessin. Ses ouvrages explorent essentiellement les rencontres et les souvenirs, qu’il s’agisse de reportages ou de fictions.

Alchimiste équipé d’un seul pinceau, il cherche à établir le pont philosophal entre musique, dessin, mouvement. Ce pont existe, même établi de façon fugitive, il suffit de voir Edmond dessiner et commenter son geste pour s’en convaincre.

Il rencontre Troubs à la fin des années 90. Évidence : ces deux-là partagent le même émerveillement pour les êtres et pour le monde.

Une dizaine d’années plus tard, Baudoin convainc Troubs d’une immersion commune à Ciudad Juarez, ville mexicaine à la criminalité inouïe, tristement célèbre pour les milliers de femmes qui ont disparu là en l’espace de dix ans.

Ils composent alors un livre à quatre mains, les feuilles et les carnets circulent des unes aux autres, la cohérence du résultat témoigne de la complicité des acolytes. Viva la vida sort en 2011 (L’Association) et reçoit un accueil inédit dans les pays d’Amérique centrale, au point de motiver deux sociologues colombiens à contacter les auteurs afin qu’ils reprennent l’expérience dans leur pays.

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Un portrait contre un rêve au Mexique, un portrait contre un souvenir en Colombie. C’est bien plus facile d’aborder les gens quand on sait dessiner. Le goût de la terre est publié en 2014 (L’Association, toujours) et témoigne, avec Viva la vida, des ravages de l’économie de la drogue sur le continent américain. Violence et corruption d’un côté, monoculture de la coca de l’autre… Humanité partout.

Troubs et Baudoin sont passés en Contrebandes un soir pluvieux de semaine, il y a deux hivers de cela. Vous les avez ratés. Edmond revient seul vendredi 5 décembre pour vérifier que leurs planches sont correctement exposées, surtout pour rencontrer ses lecteurs et parler de musique, de dessin, de mouvement, de voyages, de Troubs, de la vie.

Baudoin

Troubs

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