En direct de Londres, désormais dans toutes les librairies de l’Hexagone si elles le souhaitent. Le culte de l’image et du bel ouvrage, le respect du travail de l’auteur, tout ce qu’on aime. Les Belles Lettres distribuent désormais en France cet éditeur anglais et c’est une bonne nouvelle.

Une histoire de fronts. Parce que l’amateur d’Art porte souvent le sourcil haut et dédaigneux, on utilise outre-Atlantique le terme “Highbrow” pour qualifier la sphère intellectuelle dans laquelle il grenouille. En réaction, le mouvement “Lowbrow” est né à Los Angeles à  la fin des années soixante-dix : peintures et dessins s’appropriant les codes des comics, de la pub, du graff, bref, tout ce qui échappait alors à la culture estampillée Grande. Mais comme le temps et le marketing estompent les frontières, on a finalement trouvé un troisième mot, “Nobrow”, pour déterminer l’espace mouvant où les catégorisations culture dominante / subculture se superposent et ne veulent plus dire grand-chose.

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Nobrow press, c’est le nom qu’ont justement choisi Alex Spiro et Marc Arthur en 2008 pour leur maison d’édition consacrée aux arts graphiques. Elle accueille des dessinateurs et des illustrateurs sans sujétion à leur notoriété ou leur cursus créatif, en éclairant des travaux issus de l’underground. Mais le soin mis à la réalisation des livres n’a pas grand chose à voir avec le Do It Yourself ni la standardisation de l’édition industrielle.

nobrow23.jpgL’approche vaut profession de foi comme pour toutes les maisons d’édition de qualité travaillant sur l’image : l’objet est aussi important que ce qu’il raconte. Spiro et Arthur choisissent méticuleusement les matériaux et travaillent avec des imprimeurs de la place pour maîtriser le processus de réalisation de bout en bout. Au final, des livres numérotés et édités à 5000 exemplaires maximum.

Parmi ces ouvrages, citons la revue collective de création qui porte le nom de l’éditeur, et qui place les auteurs invités sous double contrainte de thème et de palette de couleurs.

Chez Nobrow, on trouve quelques noms célébrés ailleurs (Blexbolex, Atak, Marc Boutavant), l’essentiel des troupes restant «inconnu du grand public» ou, à tout le moins, du libraire, qui par cette formule bien pratique projette sur autrui sa propre ignorance. Bon.

Autre pan de l’activité éditoriale, sous le label Nobrow small press : la production en très petite quantité d’ouvrages et affiches sérigraphiés.

Un livre pour ouvrir l’éventail des propositions ? A graphic cosmogony, “24 artists take on 7 pages to tell their tales of the creation of everything”, collectif de bande dessinée plus ou moins muette.

Le son et l’image ? Malevolent melody par McBess, avec un disque vinyl de son groupe The dead pirates (14,5 euros, c’est cadeau). Pour découvrir le folk punk des pirates morts et l’univers graphique de McBess, voir le clip du titre Wood :


The Dead Pirates – Wood par naitmarezero

Un auteur à  suivre particulièrement ? Sans hésitation : Jon McNaught. Pebble island et Birchfield close sont deux petits chefs d’œuvre de mélancolie racontant l’ennui et le jeu, l’isolement insulaire, les oiseaux, les pétards à mèche, et même les aventuriers de l’arche perdue.

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Les livres de Nobrow press ne sont pas traduits mais ils sont nombreux à ne pas comporter de texte, même quand ils racontent une histoire.

Nobrow press

Illustration d’ouverture : Paul Blow. Couverture de Nobrow/2 : Blexbolex