Il suffit d’un contexte favorable, un lieu où pourront converger les vocations. En l’occurrence, les Arts décos de Strasbourg. Au tournant du millénaire et à l’initiative de Sylvain-Moizie (“Alph’art jeune talent” de l’année 2000 à Angoulême), quelques copains montent le fameux institut “de recherche mycologique à but illustratif”, dont le patronyme a sans doute quelque chose à voir avec un personnage de bandes dessinées bien connu.

bouclettes2.jpg“L’Institut Pacôme est un collectif de (jeunes) auteurs de bande dessinée tourné vers l’expérimentation (expérimentation graphique, narrative, mais aussi formelle dans l’expérimentation de formats originaux).
Malgré cet objectif qui pourrait paraître ciblé vers un lectorat averti, voire “élitiste”, cette micro-édition tient à publier des ouvrages qui se réclament ouverts au grand public, et qui plus est, vendus à des prix très modéré (nous servant essentiellement à couvrir les frais de nouvelles publications), et par cela accessible au plus grand nombre. Bien qu’expérimental et structure de taille très modeste, L’Institut Pacôme tient à ne pas se couper d’un lectorat de bande dessinée, toujours plus large et plus ouvert”
.

cueillette.jpg Plusieurs noms prestigieux sont passés par l’École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg. Blutch et Marjane Satrapi, par exemple.

Avec l’institut Pacôme, c’est la génération 2000 de l’ESAD qui s’envole : voir la Cueillette charentaise poêlée à la sauce de Strasbourg (7,5 €), “un florilège d’histoires des auteurs de l’institut” conçues dans le cadre du “concours jeune talent” d’Angoulême (entre 2000 et 2003).

Quelques noms :

Sylvain-Moizie, repéré par Lewis Trondheim (Telle est une Estelle chez Delcourt) ;

Natacha Sicaud, illustratrice jeunesse qui collabore aussi à l’almanach Choco creed ;

Freddy Nadolny Poustochkine (La chair des pommes chez Ego comme X) ;

Planchon, dont on retrouve tous les mois les photo-montages dans Fluide glacial ;

Et puis Simon Hureau, auteur obsédé par les Indes et l’accumulation d’objets étranges. Lu chez Ego comme X, la Boîte à Bulles, Futuropolis. Rien à jeter.

À noter, Sylvain-Moizie et Simon Hureau participent au Lapin nouvelle formule (le laboratoire éditorial de L’Association) comme d’autres poulains de l’ESAD, Grégoire Carlé, Matthias Picard et Donatien Mary.

poulpe.jpg

L’Institut concocte un semestriel “écolo-bricolo” à destination de la jeunesse, Le poulpe multipotent (5€), ou comment faire passer des messages pertinents sur un ton impertinent. Le poulpe se rapproche de Capsule cosmique (R.I.P.) et Choco Creed par l’ambition et le public visé, aussi parce qu’il s’agit d’un projet d’auteurs bien décidés à ne pas brider leur fantaisie. Thème du numéro 2 : l’électron.


Extrait du catalogue adulte, titres choisis

chef-d_oeuvre.jpg Mégots et miracles – Simon Hureau (3,1€) ;

Perdre – Oriol Alegret (3,5€) ;

Un cas peu banal, nous semble-t-il – Ariane Pinel d’après Alphonse Allais (3,5€) ;

Tchip – Jonvon Nias (6€)

Gesundheit – Jonvon Nias (2,5€) : une étreinte couchée sur papier après avoir été publiée par BDcul ;

impudicus.jpg Formol comix – Simon Hureau : trois numéros d’observations et de voyages, entre Saint Germain-en-Laye et Bali (de 2,5 à 3,5€) ;

Le chef d’œuvre inconnu – Simon Hureau (4,6€) : “a dernière aventure du célèbre installationiste Aubert Mutualité, présentant un inventaire partiel mais inédit des stupéfiantes collections du comte Gaspard-Hippolyte Duendecito de Boeri”.

Impudicus 1 et 2 – collectif (5€) : travaux pornographiques (Hureau, Nias, Ariane Pinel, Matthieu Sicot, Aurore Petit, Freddy Nadolny Poustochkine, Benjamin Lefort, Anne Rouquette, Samos Teller, Adrien Fournier, Capucine Latrasse, Paul) ;

Bouclettes opus 1 – Sylvain-Moizie (5€).