Survol rapidissime et très partiel de l’activité transalpine. Dans cette présentation, axée sur les auteurs modernes, on ne lira rien sur les grands anciens (Battaglia, Bottaro, Crepax, Jacovitti, Pratt, Toppi et quelques autres), et pas grand-chose sur ceux qu’on a découvert en France dans les années 80 via L’Écho des savanes et À suivre (Altan, Cadelo, Liberatore, Magnus, Mattotti, Pazienza et quelques autres).

La majorité d’entre eux a fait ses armes entre 1975 et 1985 dans des revues de bande dessinée adulte, créatives et politiquement incorrectes, parues en Italie en contrepoint de celles qu’on éditait de ce côté-ci des Alpes.

Elfo (1951)

Après des années essentiellement consacrées au dessin de presse, Elfo revient au neuvième art avec des histoires d’une page centrées chacune sur un personnage différent. Mises bout à  bout, elles composent un récit plus grand que leur somme. Comme une mémoire de ce sombre début de siècle : Love stores, éditions les Enfants Rouges.ghermandi.jpg

Francesca Ghermandi (1964)

Des personnages grotesques gonflés à l’hélium ou passés sous presse, une ménagerie entre cartoon et surréalisme, des récits plutôt dramatiques : découvrez l’univers étrange de Francesca Ghermandi.

Deux titres publiés en France, Pastille et Bang ! T’es mort (Seuil).

Gabriella Giandelli (1963)

Designer, illustratrice de livres pour enfants, auteur de bandes dessinées. Une narration très personnelle, des visages peu expressifs renforcent la tension latente et la violence souvent hors champ des histoires.

Silent blanket et Sous les feuilles (Seuil).

gipi3.jpgGipi (1963)

Le plus connu de la bande, sans doute grâce au prix du meilleur album obtenu à Angoulême en 2006 avec Notes pour une histoire de guerre (Actes sud). Techniques graphiques ambitieuses à base d’aquarelle, de peinture à l’huile et de calques, sujets ancrés dans la vie quotidienne, un “réalisme social” et un trait fin que l’on peut parfois rapprocher de l’œuvre de Baru.

Autres titres : Le local (Futuropolis), Extérieur nuit et S. (Coconino press / Vertige graphic).

Igort (1958)

Peu connu en France, cet auteur au trait élégant dirige aussi les éditions Coconino press qui ont pour ambition de publier en Italie — et ailleurs — ce qui se fait de mieux en matière de bande dessinée comme forme contemporaine du roman. L’Italie a ainsi pu découvrir avant la France les œuvres du japonais Kazuichi Hanawa ou de l’américain Kevin Huizenga, par exemple. Coconino press édite la plupart des auteurs de notre liste, dont Gipi. Ces ouvrages sont publiés ici avec la collaboration de Vertige graphic.

Œuvres d’Igort : chez Casterman, scénario de l’argentin Carlos Sampayo, une évocation romanesque des dernières années du jazzman Fats Waller dans les années 40. Les troubles de l’époque sont décrits à  travers quelques personnages dont la vie nous renvoie, de près ou de loin, à celle du pianiste. Chez Casterman toujours : deux polars, 5 est le numéro parfait, et L’alligator (avec Massimo Carlotto).

Piero Macola (1976)

Le cadet de la troupe. Un seul (très bon) titre publié en France : Aller simple (Coconino press / Vertige graphic). 1943, déroute de l’armée mussolinienne après le débarquement allié sur les côtes italiennes. Un jeune conscrit errant écrit son journal. Encore une petite histoire qui raconte la grande.

mattioli.jpgMassimo Mattioli (1943)

Bien qu’inscrit au panthéon des grands anciens, Mattioli mérite une note spécifique pour le travail récemment entrepris par L’Association qui vise à l’édition définitive de ses œuvres de jeunesse : Vermetto Sigh et M le magicien (paru dans Pif dans les années soixante). Les lecteurs de l’Écho des savanes se souviennent aussi de Squeak the mouse, un détournement jubilatoire et hardcore de Tom et Jerry. Pas franchement pour le même public.

Davide Toffolo (1965)

Un graphisme inspiré de l’univers manga. Deux livres publiés en France dans lesquels l’auteur met en scène son double : Le roi blanc, un voyage existentiel à  la recherche d’un gorille albinos, et Pasolini, le récit d’une rencontre imaginaire avec l’écrivain (Casterman).

Toffolo est aussi chanteur et guitariste du groupe Tre allegri ragazzi morti, dont les protagonistes se cachent derrière des masques dessinés par l’artiste (et dispensent, au demeurant, une musique parfaitement audible).