Voici le printemps. Les tenues sont raccourcies et les étoffes plus ventilées. Autrefois, les garçons portaient des toges et de très élégantes jupettes, certaines chroniques de l’Antiquité gréco-romaine en témoignent. Revue de genre.

La légende de Gilgamesh est antérieure à la mythologie gréco-romaine. Son personnage a certainement inspiré Héraclès aux Grecs puis Hercule aux Romains (sachant que ces derniers ont tout pompé sur les précédents). Prince sumérien de sang divin, Gilgamesh régna sur la cité mésopotamienne d’Uruk pendant 126 ans (quand les Grecs jouaient encore au bac à sable). Afin que le despote lâche un peu la grappe aux habitants d’Uruk, une déesse lui inventa un double en négatif sur qui il pourrait se défouler. Après l’affrontement, les frères ennemis devenus inséparables vécurent de trépidantes aventures et alignèrent les épreuves pour gagner l’immortalité. Un des deux reste sur le carreau.

Gilgamesh par Gwen de Bonneval et Frantz Duchazeau, éditions Dargaud.

Plus tard viendront les héros méditerranéens. Héraclès donc, demi-dieu dont Joann Sfar et Christophe Blain nous apprennent qu’il était accompagné d’un demi-chien nommé Socrate, mi-clébard mi-philosophe. Le professeur Sfar aime bien la dialectique, c’est pour ça qu’il fait causer ses animaux de compagnie (voir le Chat du rabbin). Socrate commente les faits et gestes de sa grande brute de maître, cela tient plus du gag que de l’épopée.

Socrate le demi-chien par Sfar et Blain, éditions Dargaud. Deux tomes parus.

Medeeweb.jpgSelon certaines sources, Héraclès aurait un temps accompagné Jason, prince de Thessalie, parti avec les Argonautes à la recherche de la toison d’or en Colchide (à peu près l’actuelle Géorgie). Jason est revenu au pays avec la toison qui aurait dû lui assurer le trône de Thessalie et avec la belle Médée, princesse de Colchide, avec qui il aurait dû vivre paisiblement jusqu’à la fin de ses jours. Mais ça ne s’est pas passé comme prévu. Trahisons, fuites, infanticides, ce n’est pas joli joli.

Mélanie Berger évoque dans Médée, aux éditions Warum, la réaction de la princesse après que Jason l’a répudiée pour une autre. Entre bande dessinée et livre illustré, une forme singulière.

La guerre de Troie a-t-elle eu lieu ? Les spécialistes s’affrontent sur la question. Selon la tradition, les dieux étaient encore de la partie. Ce n’est pas l’avis d’Eric Shanower qui, dans l’Age de bronze tente de relater les “faits” sur un mode historique. Récit N&B au trait précis, réaliste et fouillé. En un mot : académique. Trois tomes parus à ce jour aux éditions Akiléos (sept sont prévus).

300web.jpgAu cinquième siècle avant JC, les Perses de Xerxès affrontent les Spartiates de Léonidas. Lieu stratégique : le passage des Thermopyles, qui donnera son nom à la bataille. Le livre que Frank Miller consacre à ce fait d’armes s’intitule 300, en référence au nombre de soldats qui composent la garde rapprochée de Léonidas et qui affronteront quelques dizaines de milliers de soldats perses lors d’un baroud d’honneur.

300 de Frank Miller, aux éditions Rackham.

peplumweb.jpgOn a quitté la mythologie pour se rapprocher d’une certaine vérité historique. Le règne de Néron, quelques années après la mort du Christ, inspire les auteurs. Sans doute à cause de sa folie présumée. Les intrigues familiales et politiques au cœur de l’empire alimentent l’action de Murena, par Jean Dufaux et Philippe Delaby (5 tomes publiés, éditions Dargaud) ; c’est aussi l’époque de Pétrone et du Satiricon, dont Blutch propose un prolongement dans son fameux Péplum (Cornélius). À la même époque mais plus à l’Est, en Judée, un petit garçon cherche son père et parle beaucoup. C’est normal, le scénario est de Sfar… Les olives noires de Johan Sfar et Emmanuel Guibert, Dupuis, trois tomes parus.

priapeweb.jpgPour conclure : Priape, de Nicolas Presl (Atrabile). Récit muet d’une quête d’identité sexuelle dans une antiquité fantasmée. L’histoire commence par la naissance d’un petit garçon que ses parents abandonneront après s’être rendu compte de la taille monstrueuse de son sexe…