Tous les chemins mènent aux livres pour enfants, y compris l’avant-garde.

Illustrateur marqué par le futurisme, peintre, sculpteur, Bruno Munari tenta tout au long de sa carrière — qui coïncide avec le vingtième siècle — d’accommoder la création artistique, le jeu et la vie quotidienne en milieu urbain. De “moderne” à “contemporain”, de “concret” à “cinétique”, son art pourrait être hermétique et prétentieux. Il est fantaisiste, drôle, accessible à tous.

Siège pour courtes visites“Quand quelqu’un dit “ça, je sais le faire moi aussi”, cela veut dire qu’il sait le refaire. Sinon, il l’aurait déjà fait”.

Né à  Milan en 1907, Munari débute sa carrière professionnelle en 1926 comme graphiste. Il rencontre le théoricien du futurisme, le poète Filippo Tommaso Marinetti, et participe à plusieurs expositions avec les artistes de la “deuxième génération” (le manifeste du futurisme fête ses vingt ans en 1929).

En 1930, il s’associe à  Riccardo “Ricas” Castagnetti avec qui il fonde le studio “R+M”, leur collaboration dans le secteur de la publicité se prolongera jusqu’en 1938.

Son chemin croise en 1933 celui des surréalistes à l’occasion d’un voyage en France : Louis Aragon et André Breton l’inspirent pour ses machines inutiles.

Après l’aventure “R+M”, il travaille comme graphiste chez l’éditeur Mondadori et comme directeur artistique de la revue Tempo. Il publie en 1945 ses premiers livres pour enfants, destinés initialement à son fils Alberto.

En 1948, il crée avec trois autres artistes milanais le Mouvement Art Concret (MAC), émanation italienne du courant théorisé par le hollandais Theo van Doesburg en 1930. L’art concret, non figuratif, n’utilise que des éléments purement plastiques, des plans, des à-plats de couleur. Munari construit à partir de 1949 des livres sans texte dits illisibles qui reprennent les codes de l’art concret, jouent avec le regard et le toucher.

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zizi.jpgPour la maison Pigomma, une filiale de Pirelli, il invente dans les années cinquante des jouets en caoutchouc-mousse armés de fil de fer, ce qui leur attribue une certaine flexibilité. Celles et ceux qui ont eu la chance de pouvoir s’amuser avec un marsupilami en caoutchouc-mousse dans leur enfance, avec la queue qu’on peut faire bouger dans tous les sens, doivent une pensée reconnaissante à Bruno Munari.

En 1962, il organise entre Milan et New-York, dans les locaux de la marque Olivetti, une exposition qualifiée par l’artiste d’ “art programmé”. Une extension de l’art cinétique, lui même produit du futurisme.

Munari continue de jouer avec les mécanismes et les mobiles, crée aussi des objets utiles (cendriers, lampes…) aux formes simples et régulières. Sa fascination pour la géométrie, la symétrie et la nature le rapproche du Japon où il se rend de plus en plus souvent.

À partir des années soixante-dix, le monde de l’enfance monopolise son attention. Il crée en 1977 un premier laboratoire didactique intitulé Jouer avec l’art à la pinacothèque de Brera. D’autres suivront un peu partout dans le monde.

Cette décennie est aussi marquée par la reconnaissance internationale de son travail, en particulier aux USA et au Japon où l’on ne compte plus les écoles d’art qui lui consacrent des expositions, en le gratifiant au passage d’un titre honoraire.

campari.jpgIl ne cessera jamais de travailler pour la publicité, d’écrire des livres, d’inventer des objets… Le tout constituant une œuvre d’une ampleur et d’une diversité remarquables. Munari est aussi un poète et un conteur. Ses livres à destination du jeune public témoignent de son goût pour les formes et les matières, mais aussi d’une imagination et d’une inventivité inaltérables. La plupart racontent une histoire au sens traditionnel du terme.

Il réalise sa dernière œuvre à  l’âge de 91 ans.

“Il n’habite plus à Milan depuis fin 1998. Nombreux sont celles et ceux qui ont voulu venir le voir dans son atelier, mais il n’a jamais eu d’atelier à proprement parler, pas même un petit studio. Ce n’est pas indispensable d’en avoir un. Qui sait où il est à présent ? Moi, je crois qu’il est au paradis parce que, même en admettant que le paradis n’existe pas, il se le sera inventé” (Paolo Tonini, libraire spécialisé dans le futurisme et l’avant-garde).

Pablo Picasso voyait en lui le “nouveau Léonard”.

“Son art ne peut avoir de spécialistes, c’est le point d’intersection entre plusieurs arts parmi lesquels celui de vivre, de penser et de jouer” (Giuseppe Pontiggia, écrivain).


Dans la cale de Contrebandes, parfois…

Gigi a perdu sa casquette, Seuil jeunesse – édition originale : 1945.

Jamais contents, Seuil jeunesse – 1945.

L’histoire des trois oiseaux, Seuil jeunesse – 1945. vert.jpg

L’homme au camion, Seuil jeunesse – 1945.

Le magicien vert, Seuil jeunesse – 1945.

Toc toc, Seuil jeunesse – 1945.

Dans la nuit noire, Seuil jeunesse – 1956.

Supplément au dictionnaire italien, Corraini – 1958. diz.jpg

ABC, une petite leçon d’anglais, Seuil jeunesse – 1960.

Zoo, Seuil jeunesse – 1963.

Dans le brouillard de Milan, Seuil jeunesse – 1968.

Romilda la grenouille, Corraini – 1977.

Ciccì coccò, Corraini – 1982.