Les bandes dessinées de super-héros viennent essentiellement des USA. Dans leur version originale, elles sont publiées sous forme de périodiques faiblement paginés et de petite dimension appelés “comic-books”, dont on retrouve des équivalents dans les kiosques français (cette introduction s’adresse aux non pratiquants).

Certaines histoires sont ensuite réunies dans des volumes plus épais. Faut-il avoir conservé son âme d’enfant pour les apprécier ? Pas toujours, quelques-unes concernent spécifiquement les adultes.

concrete.jpgD’un point de vue économique, l’industrie des comic-books n’a pas grand-chose à voir avec la tradition franco-belge. Pour la plupart, les auteurs ont abandonné leurs personnages aux maisons d’édition. Celles-ci exploitent le filon à leur guise, que le créateur soit d’accord ou non, et maintiennent la pression sur le lecteur/consommateur grâce à un rythme de publication très soutenu. Plusieurs équipes de scénaristes, de dessinateurs, d’encreurs et de coloristes peuvent travailler simultanément sur les mêmes personnages. Difficile de s’y retrouver à moins d’être un lecteur vraiment passionné. Et encore.

hellboy.jpgConséquences : l’utilisation de mêmes héros dans des séries différentes, acteurs principaux ici et invités spéciaux un peu plus loin, est monnaie courante (comme si on croisait Alix de Jacques Martin dans un épisode d’Astérix). De plus, des artistes de premier plan peuvent être opportunément conviés sur le scénario ou le dessin pour relancer les ventes de séries en perte de vitesse. Vive les mercenaires ! Dans cette industrie les scénaristes tirent souvent mieux leur épingle du jeu que les dessinateurs, jusqu’à bénéficier d’une notoriété au delà du microcosme des comics (comme les très talentueux Alan Moore et Neil Gaiman).

sandman.jpgLes deux principales entreprises de comic-books aux USA sont DC comics (propriétaire de Batman et Superman) et Marvel comics (de Spiderman à Hulk en passant par les X-men etc.). Films, produits dérivés complètent — voire précèdent — l’offre de livres. Mais on peut citer aussi Dark horse qui fait son trou avec des séries originales comme Hellboy ou Sin city.

DC, mieux que Marvel, a su étendre sa gamme afin de ne pas resservir sempiternellement la même soupe indigeste pour un public sorti de l’enfance. Le label Vertigo est né sur cette base.

y.jpgDelcourt et Semic se partageaient les droits de Vertigo en France mais Semic a jeté l’éponge voilà quelque temps. En juin dernier, Panini comics a récupéré les droits de Vertigo et de Wildstorm (autre label novateur annexé par DC comics). Si cette salade est moyennement intéressante, les conclusions le sont davantage : les amateurs pourront enfin découvrir la suite de très bonnes séries interrompues brutalement. “Panini Comics souhaite assurer une transition logique entre les précédents éditeurs et promet d’apporter un soin particulier à préserver une bonne continuité éditoriale avec les éditions passées”, dit Panini.

Contrebandes aime bien les comics mais dans ce domaine comme ailleurs il faut trier. En attendant la reprise de séries phare (telles 100 bullets, Promethea ou Concrete) et de nouvelles importations, voilà notre choix :

Bone – scénario et dessin de Jeff Smith – Cartoon books / Delcourt.

Une saga d’heroïc fantasy pour petits et grands, qui s’achève au bout de 11 tomes.

Hellboy – scénario et dessin de Mike Mignola – Dark horse comics / Delcourt.

Un gentil diable aux cornes rasées de près lutte contre le mal. Univers fantastique à forte personnalité, parcouru de vampires, de goules et de nazis sur le retour, qui doit beaucoup au dessin de Mignola.

forty.jpgMutafukaz – scénario et dessin de Run – Ankama.

Les aventures d’un livreur de pizzas atypique. Une intrusion française réussie dans le domaine réservé des comics.

Sandman – scénario de Neil Gaiman – DC comics / Delcourt puis Panini comics.

Série métaphysique. Un seul défaut — de taille — lui empêche d’accéder au rang de chef d’œuvre définitif : le dessin est rarement à la hauteur du scénario.

Sin city – scénario et dessin de Frank Miller – Dark horse comics / Rackham.

Polar brutal et amoral, dessin binaire et magistral.

The Goon – scénario et dessin de Eric Powell – Dark horse comics / Delcourt.

Un truand plein de circonstances atténuantes massacre les zombies. Drôle et léger.

Top ten – scénario de Alan Moore – Wildstorm / Semic books puis Panini comics.

NYPD blues au pays des super-héros. Voilà un chef d’œuvre. Le cinquième tome attendu depuis l’abandon de Semic est enfin disponible : “the forty niners” !

Y, le dernier homme – scénario de Brian K. Vaughan – DC comics / Panini comics.

Un seul mâle dans un monde de femmes. Le rêve ultime de l’adolescent pubère ?

Des romans graphiques ou des séries achevées réunies en mono-volume, en attendant the Filth :

Captain Britain – scénario de Alan Moore, dessin de Alan Davis – Marvel comics / Panini comics.

Un super-héros comme on nous en sert à la louche, sauf que cette aventure est scénarisée par le génial Alan Moore. Ça change tout.

pride.jpgPride of Baghdad – scénario de Brian K. Vaughan, dessin de Niko Henrichon – DC comics / Panini comics.

Le périple de quatre lions échappés du zoo de Bagdad après les bombardements américains de 2003. Une parabole nihiliste sur la guerre (en grand format cartonné, dommage).

V pour vendetta – scénario de Alan Moore, dessin de David Lloyd – DC comics / Delcourt.

Fondamental.

Watchmen – scénario de Alan Moore, dessin de Dave Gibbons (traduction de Jean-Patrick Manchette) – DC comics / Delcourt.

Essentiel.