Les auteurs de bandes dessinées ne se voient pas toujours en démiurges, créateurs d’univers extraordinaires. Même ceux qui n’ont pas pour vocation de se regarder le nombril peuvent être ponctuellement tentés par le carnet intime. Un heureux événement et le pinceau s’emballe !

nicoby.jpgOn qualifiera l’intrigue de convenue. Je détaille l’ultime test de grossesse, la première échographie, les seins qui gonflent, le bébé qui bouge, le père à côté de ses pompes, etc. Le récit de cette aventure encore plus vieille que le genre humain (si on écarte l’aspect technologique et l’évolution de la cellule familiale) vaut surtout pour le ton choisi, la poésie ou la dérision ; le challenge étant d’intéresser le lecteur au delà de l’expérience commune de la (p)maternité.

Même quand la forme ne se veut pas ouvertement autobiographique, le vécu de l’auteur est tellement présent que personne ne s’y trompe. Voilà un sujet qui ne demandera pas une recherche documentaire de derrière les fagots.

Pour la légèreté, l’autodérision et l’humour, mention spéciale au livre qui a donné son titre à cette notule, Chronique layette de Nicoby (6 pieds sous terre). Découpé en trois chapitres assez clairs dans leur objet : Avant – Pendant – Après. Vais-je pouvoir continuer à sortir avec mes copains et à faire mes nuits, se demande l’auteur (pendant) ?

corps_de_reves.jpgCorps de rêves de Capucine répond au livre de Nicoby en se concentrant sur la grossesse. C’est tout de suite plus technique, plus médical. Les contingences administratives, l’observation du corps au jour le jour, la toxoplasmose, la peur de perdre le bébé, l’haptonomie. Le point de vue d’une fille après le point de vue d’un garçon.

dispo_littlestar.jpgLittle star de Andi Watson (Ça et là) est psychologiquement plus ambitieux. L’atmosphère et le graphisme lorgnent sur Monsieur Jean. Il faut d’ailleurs noter que le personnage de Dupuy et Berberian a lui aussi connu les affres de la paternité. Simon, père au foyer, réussira-t-il à concilier vie affective et ambitions professionnelles ?

Papa est un peu fatigué de Ville Ranta (Ça et là ) part de la même hypothèse pour un résultat plus direct et à nos yeux plus touchant. Le dessinateur s’occupe de sa petite fille pendant que la mère travaille. Le livre peut sembler bâclé dans la forme : c’est justement grâce à ces traits rapides, à ce journal intime vraisemblablement dessiné dans l’urgence que le récit acquiert sa puissance. On passe des larmes (quand les parents découvrent la maladie de leur progéniture) au rire, à la tendresse et aux questionnements existentiels, parce que la vie c’est comme ça.

Livres illustrés

Moins une, de Annie Agopian et Claire Franek (Rouergue) raconte ce qu’on vit avant de vivre vraiment. Un livre d’images à  destination des plus petits.

Et puis aussi cette merveille : Ça y est je vais naître, de Katsumi Komagata (One Stroke). Un petit livre tactile presque sans texte qui décrit la naissance du point de vue du bébé. Parce que dans cette histoire, il n’y a pas que le père et la mère ! Les problèmes de couple, ça va un peu.

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