Dans les livres où il est davantage question d’Homme (Qui suis-je ? Où cours-je ?) que d’Aventure (Pif ! Paf ! Boum !) la sexualité n’est jamais bien loin. Car le sexe préoccupe l’être humain, voyez-vous.
L’artiste étant un être humain, le voilà tout préoccupé.
Les bandes dessinées industrielles destinées aux adolescents, albums cartonnés “franco-belges” ou mangas produits à la chaîne, n’ont de cesse d’appâter sexuellement le jeune lecteur. Le jeune lecteur découvre ainsi avec émotion les aventures d’une princesse galactique habillée d’un string à paillettes sur la première de couverture, parce que dans les bandes dessinées industrielles pour adolescents il ne fait jamais froid. D’ailleurs, l’adolescent qui a soudain chaud au bas-ventre achète l’album.
Dans les livres de bandes dessinées destinées à un public élargi — et averti, ce qui ne veut pas dire forcément adulte –, les choses seront plus explicites, plus crues, plus réalistes ou tout aussi fantasmées. Dans l’ensemble, c’est quand même moins hypocrite.
D’un côté le sexe est ajouté de façon artificielle pour pallier la pauvreté du fond et faire vendre l’album. De l’autre, il sert un récit ou en constitue l’objet. La sexualité comme élément de la vie, inscrite dans un contexte culturel, économique et social qui calque assez souvent l’environnement de l’auteur.
Par exemple, Un monde de différence de Howard Cruse (Vertige Graphic 2001) raconte la vie de jeunes gens dans le sud des USA au cours des années 60, pas loin de celle de l’auteur. À l’époque, pour qui la vie était-elle plus dure ? Les homosexuels ? Les noirs ? Les noirs homosexuels ?
Autres livres où la sexualité se trouve au coeur du récit. Contexte économique et social plus ou moins prégnant. Formes variées (autofiction, romance, aventure fantastique, extravaganza !) :
H + H : Journal, par Fabrice Neaud (Ego comme X 1992 – 2002).
Quatre tomes parus (tome trois en réimpression) ;
F + F : Love my life, par Ebine Yamaji (Asuka 2004).
Love my life est un manga de type “yuri”, c’est-à -dire traitant d’homosexualité féminine. Voilà , vous pouvez désormais briller en société ;
H + F : Ripple, par Dave Cooper (Le Seuil 2005) ;
H + F + H : Prelude to a kiss par El Don Guillermo (L’Association, 2006) ;
F + † : Necron par Magnus (Cornélius 2006) ;
H + escargot : L’extravagant monsieur Pimus par Gabriel Delmas & Patrick Pion (Carabas 2006) .
Sans oublier la mue et les changements hormonaux :
La chair des pommes de Freddy Nadolny Poustochkine (Ego comme X 2006) aborde le thème de la quête identitaire de belle manière (malgré une couverture hideuse), en touches subtiles, violence contenue et honte retenue.
Le manuel du puceau de Riad Sattouf (Bréal 2003) deviendra naturellement la bible de ceux qui rongent leur frein en louchant sur des histoires de princesses galactiques.