Le peintre et son chevalet inspirent régulièrement les auteurs de BD. C’est souvent l’occasion pour le dessinateur d’interroger son propre art. On notera d’ailleurs que les livres proposés ici sont tous l’œuvre du seul type qui tient la plume et le pinceau (pas de fille dans cette sélection), les scénaristes de profession n’ont pas été convoqués.

la_sirene_pompiers.jpgSauf en ce qui concerne La grande toile, d’Agrimbau et Ippoliti, et La sirène des pompiers, de Hubert et Zanzim, où le thème de la peinture n’est que prétexte à des aventures plus (la sirène) ou moins (la grande toile) réussies.

Ils sont un certain nombre à osciller entre les deux modes d’expression. Voir par exemple Guibert et Mattotti, pour citer deux artistes dont les travaux sont très exposés. Il faut dire que les outils sont voisins. L’utilisation des couleurs directes — et donc des techniques de peinture traditionnelles — a pu se développer en BD avec l’évolution de la photogravure et des techniques d’impression.

Concernant les ouvrages de bande dessinée qui prennent pour sujet la vie d’un artiste peintre, l’évocation du grand nom n’est souvent qu’un prétexte pour disserter de la création artistique. Les fausses biographies abondent, du Pascin de Joann Sfar à la Visite guidée de Cornette.

le_jeu_lugubre.jpgCe dernier livre traite de Van Gogh, Gauguin et Much en trois parties distinctes, le style du dessinateur évoluant non pas en fonction du peintre choisi, mais de son caractère.

Autre fausse évocation biographique, celle de Salvador Dali dans Le jeu lugubre, un étonnant hommage au surréalisme et à la folie du Catalan que Paco Roca imagine en forme d’Hannibal Lecter. Un serial killer qui cultive son art en goûtant les cadavres et s’enduisant d’excréments (à  l’occasion).

le_bordel_des_muses.jpgLe dessinateur peut aussi rendre hommage à  une œuvre, un style, une époque. C’est le cas de Gradimir Smudja et son extraordinaire Bordel des muses, qui invite Monet, Degas, Van Gogh, Seurat, Rodin, Cezanne et Renoir autour de Toulouse-Lautrec et de nombreuses icônes parisiennes de la seconde moitié du XIXe siècle. Smudja joue avec Montmartre, le pointillisme et l’impressionnisme, associe les styles, les superpose, les mélange. Le Yougoslave excellerait en faussaire.

le_portrait.jpgOn peut aussi aller à l’essentiel sans utiliser l’artifice biographique : réfléchir sur la création et la représentation. Baudoin, dans Le Portrait, dessine un peintre, son sujet et son travail. En noir et blanc, et c’est magnifique. “Dessiner la vie… Le rêve impossible… On ne peut que l’aimer…”