L’auteure canadienne de Fatherland (Ici-même) débarque dans l’Hexagone et commence sa tournée par Contrebandes. Une rencontre privilégiée autour d’un livre important : samedi 21 mars à partir de 14h.
Au moment de dormir, on ferme habituellement les volets pour soutenir le noir, éviter que les rayons de soleil du petit matin ne réveillent prématurément les enfants. La mère de Nina Bunjevac avait une autre habitude : elle poussait les meubles devant les vitres pour empêcher que des objets explosifs n’atterrissent sur le plancher. Avec son mari, elle habitait pourtant dans un pays en paix, le Canada des années soixante. Yougoslaves tous les deux, ils avaient scellé leur premier baiser en Amérique du Nord et leur vie s’écoulait désormais à Welland, Ontario, où naîtraient bientôt leurs deux filles. Mais Peter Bunjevac avait emporté dans l’exil une guerre qu’il comptait bien livrer, ici ou ailleurs, contre le régime de Tito.
Fatherland raconte cette histoire intime et déchirante, intemporelle quand bien même la Yougoslavie n’existe plus depuis vingt ans, qui ne peut que résonner dans le contexte géopolitique actuel. Comment vivre avec la menace, la peur quotidienne, comment distinguer le devoir du choix. Comment réconcilier les ennemis d’hier, comment concilier l’amour pour un mari ou un père, et la haine que ses actes inspirent. Comment vivre avec un terroriste.
Dessin pointilliste et quasi-photographique, d’une douceur qui atténue l’absurdité et la dureté du récit. Publié en France par l’excellente maison Ici-même, Fatherland est un des livres majeurs de la saison qui s’achève.
Autre livre de Nina, toujours aux éditions Ici-même : Heartless, recueil de sept histoires courtes.